Yemen Felix Arabia ou Arabie Heureuse
Yemen Felix Arabia ou Arabie Heureuse
Tel était le nom par lequel, dans l’antiquité, était désigné le Yémen.
Bonjour mes ami(e)s !
Une petite carte pour rappeler la localisation du Yemen dans le monde (trouvée sur Wikipedia)
Et celle -ci pour suivre un peu les péripéties ( carte Hachette trouvée sur le site du Routard)
Le Yémen est situé au sud de l’Arabie Saoudite et de Oman à l’est
Pour info : les photos sont de 1990 et elles proviennent de diapos de l’époque… Inutile de vous dire que la qualité n’est pas top mais vous donneront une idée suffisamment nette de la beauté de ce pays
Arabie heureuse
Pourquoi « Heureuse » ?
Parce que c’est une partie de la péninsule arabique bien irriguée, à l’inverse de ses voisins.
Du moins certains endroits, car nous avons traversé des déserts et des montagnes, qui ne laissent pas grand place à l’agriculture.
C’était plutôt aux rampants la place belle !
J’ai eu l’opportunité d’accompagner un groupe en janvier 1990, dans ce pays magnifique, qui, hélas aujourd’hui, voit son nom de Yemen Felix Arabia ou Arabie Heureuse, bien malmené.
Vous ne pourrez pas visiter ce pays, je le crains, pendant encore bien longtemps. Mais je veux faire un petit reportage, pour que tout ne soit pas négatif à son sujet.
Un peu d’histoire
Le Yémen était connu durant l’Antiquité, c’est le royaume de Saba.
Pays mythique s’il en est, grâce à la légende de la Reine de Saba.
Ce pays pratiquait des échanges avec l’Ethiopie, des traces dans les deux pays sont visibles : dans le nord de l’Ethiopie, le royaume d’Axum, et Marib au Yemen.
Vous voyez sur la carte, et comprenez, pourquoi les deux pays pouvaient relativement facilement
Je vous en ai déjà parlé lors de mon récit sur l’Ethiopie
Le 22 mai 1990 les deux Yemen sont enfin réunis
Ce qui était communément appelé « Yemen du Nord », sous la domination ottomane, jusqu’en 1918 , puis la royauté, jusqu’en 1962, d’une part
Et « Yemen du sud », anciennement dominé par les anglais, qui avaient progressivement étendu leurs prérogatives autour du port d’Aden (1839).
Tellement étendu, que la colonie s’étendait sur une surface imposante, à un emplacement stratégique, entre Canal de Suez, Zanzibar et Bombay.
C’est aujourd’hui la République du Yémen
Un mauvais choix politique aux lourdes conséquences
Dans la foulée, la même année 1990, le Yémen soutient l’Irak (sans valider l’annexion du Koweit).
Sanglantes et immédiates conséquences sur l’économie du pays : représailles des Etats Unis sur la monnaie , très vite suivis par l’Arabie Saoudite qui s’empresse d’expulser un million de travailleurs yéménites, privant ainsi des millions de yéménites restés dans le pays, des ressources qui leur permettaient de vivre.
Un voyage dit « aventure » dans ce magnifique pays à l’instabilité regrettable.
Ruines de l’ancienne Marib’
Déjà en 1990, il n’était pas toujours possible d’aller partout et, particulièrement à Marib’, à l’est de Sanaa’.
Crédit photo @Bernard Gagnon
Nous avons eu une chance inouïe de pouvoir nous y rendre et de trouver des archéologues allemands sur le site antique.
Voici les ruines du temple d’Awam, Mahram Bilqis de l’antiquité
(l’incertitude est aussi valable pour l’Ethiopie, mais j’y suis bien allée seule avec les enfants,sans Tour Operateur, et revenue !).
Au Yemen Felix Arabia ou Arabie Heureuse, Sanaa à elle seule vaut le déplacement.
Renommée pour ses maisons-tours, ce n’est pas par hasard si la ville entière a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO dès 1984.
Située à 2400 m d’altitude, Sanaa est une des plus anciennes ville du monde arabe.
Il faut lire « Lunes d’Arabie » de Maria et Pascal Maréchaux (10 ans au Yémen) pour se convaincre que le pays est une pure merveille architecturale et pas seulement.
Un centre français de recherche y a été créé en 1982.
Il a été rebaptisé Centre français d’Archéologie et de Sciences Sociales en 2001, avec la collaboration du CNRS. Ce centre est (était) devenu très important pour le rayonnement de la France dans cette partie du monde.
C’est surtout le haut niveau de ses recherches dans toute la région (Arabie Saoudite, Ethiopie, Oman..) qui en faisait la réputation et le respect.
En 2015, le gouvernement français a demandé à tous ses ressortissants de quitter le pays…
L’UNESCO très active dans la ville et en province
D ’ importants chantiers étaient ouverts, un peu partout, pour la rénovation de ces maisons-tours si fragiles. Ces rénovations n’ont pas cessé d’améliorer l’aspect de Sanaa, tant sur le plan architectural que sanitaire.
En 1990, les besoins dans tout le pays étaient énormes !
Un soir, nous avons déambulé dans les rues, et dans une rue étroite, au rez de chaussée d’une maison, faiblement éclairé, j’ai découvert un « moulin à grains », en contre-bas de la rue.
Tellement étonnant, je me suis approchée. De surprise en surprise…
Dans un espace réduit à son plus strict minimum, un dromadaire tournait autour d’une sorte de puit, juste le passage de ses pattes, dans un bric à brac inimaginable :
Les dromadaires vont au pas lent mais ne s’arrêtent jamais !!!
Nous avons commencé à discuter… beaucoup avec les mains…
Je n’ai pas compris pourquoi ils se serraient tous dans le premier réduit, alors que dans l’arrière boutique, la balance tenait une grande place.
La femme du patron a fini par nous rejoindre, et nous avons été invités à boire le thé aux clous de girofles
Un vieux monsieur très digne, tout le quartier est venu « voir » les deux étrangers, et là, malheureusement nous n’avons plus pu prolonger notre conversation déjà laborieuse !!!! Tout le monde parlait en même temps !
Une invitation que je n’oublierai jamais.
La route vers le sud pour rejoindre Taiz (Taez)
Dans les villages, les enfants venaient nous voir très volontiers et se sauvaient presque aussitôt….
Les petites filles portent de drôles de petits bonnets.
Et déjà au travail …
Nous avons fait des arrêts photos continuellement, un décor grandiose.
Nous avons passé la nuit dans une maison traditionnelle à Kawkaban. Les propriétaires nous avaient préparé un repas exquis.
Beaucoup de ces grandes maisons traditionnelles magnifiques, se sont reconverties en « funduks » (auberges) pour accueillir les touristes qui commençaient à visiter le Yémen.
Même dans ce village éloigné, nous avons trouvé le gîte et le couvert convenables. Bon… si vous cherchez l’Hyatt, vous vous trompez de pays !
Nous c’étaient de grandes chambres collectives avec des matelas au sol….
Il n’était pas rare de se faire inviter à prendre le thé aux clous de girofle, et partager le pain fabriqué par l’aïeule de la maison…
Nous n’étions que 10, c’est déjà pas mal mais assez facile pour se faire accepter. Et nous ne sommes pas toujours restés « collés ».
L’accueil de l’étranger est une tradition dans tout le monde arabe. A l’origine.
Maintenant, pourquoi de jeunes enragés se conduisent comme des barbares, reste un mystère.
L’art du vitrail au Yémen est très particulier
Chaque maison a sa fenêtre de verres colorés, ne serait-ce qu’une, petite, c’est une obligation !!!
L’art du vitrail au Yémen ne remonte pas au Moyen Age, cette décoration des fenêtres n’est signalée que vers 1700 et quelque… par les voyageurs de l’époque.
Dans l’atelier sommaire de l’artisan, un mur blanc fait office de tableau. Une couche épaisse de plâtre y est appliquée, aux formes et dimensions souhaitées
L’artisan découpe ensuite les formes et y incruste ses bouts de verre.
Quand tout est fini, il retire le vitrail du mur, nettoie chaque centimètre de verre et expose tout cet ensemble au soleil plusieurs jours pour le séchage.
Dans la rue…
On peut choisir son vitrail dans la rue, ou le faire faire sur mesure.
La livraison ne pose jamais de problème.
Les formes sont variées, les arabesques souvent complexes et splendides. J’en avais ramené un tout petit arrivé intact à Paris !
L’origine du vitrail au Yemen Felix Arabia ou Arabie Heureuse
Ce sont les vols, entre autres, qui ont poussé les gens à occulter les ouvertures. Les plafonds étaient très hauts et les fenêtres étaient fermées de simples volets de bois dans les parties basses et plus haut rien.
Au début, ce fut des plaques de gypse (trouvé près de Sanaa) qui faisait office de verres. Puis le procédé s’est amélioré et l’importation de verres colorés a abouti à ce que nous connaissons aujourd’hui.
Pratiquement toutes les maisons ont leur petite fenêtre colorée.
Avant la fondation d’Israël, une forte population juive résidait au Yémen. Ce sont eux au départ qui ont importé plusieurs formes d’artisanat (travail du verre mais aussi de l’argent, d’où les merveilleux bijoux que l’on pouvait trouver encore dans les années 70/80)
J’ai même vu sur internet la vente de vitraux yéménites, exportés dans le monde entier….
Jean Marie Bel a consacré un livre entier à l’art du verre au Yémen, une référence en la matière.
Partout une architecture vraiment remarquable
Toutes ces constructions en terre crue, méritent bien une sauvegarde.
Même si en dehors de Sanaa, les décorations sont moins sophistiquées, les constructions sont magnifiques.
Nous sommes arrivés à Taiz le jour du marché,renommé pour ses foies de moutons grillés, c’était absolument délicieux
Je ne vous raconte pas la tête de mes compagnons de voyage quand ils m’ont vue redemander des foies… Du coup, ils se sont dit que c’était peut-être bon…
Un vol de moineaux s’est abattu sur l’étal que nous avons vidé. C’était, effectivement, un régal !
Après Taez, le Yemen Felix Arabia ou Arabie Heureuse, nous offre la mer
Nous sommes allés jusqu’à Mokha. Et alors là, grande déception ! Il n’y a rien, mais alors rien à voir.
Comme son nom l’indique, c’est ici que le café a démarré…Le port montre les stigmates d’un comptoir du café qui a dû être très actif ….. ..
Eh bien tous les caféiers ont été arrachés et à la place pousse le khat (qât) ! la calamité du pays.
Crédit photo @jeune afrique
Leur herbe… aucune conversation sérieuse ne peut démarrer sans la cérémonie du qât. Il se présente en feuilles.
Nous avions 2 véhicules 4X4 et donc 2 chauffeurs. Dès 16 heures, ils entraient en transe.. à la recherche du vendeur de qât, ça se vend en bouquet et se consomme frais. Chaque jour faut le renouveler. .
Et chacun de se bourrer un côté de la bouche avec des feuilles qu’ils mâchouillent des heures durant… Les yeux mi-clos… vous pourriez franchir n’importe quel barrage quand l’heure a sonné..
Tous les hommes s’allongent (style orgie romaine) une jambe repliée, il n’y a plus rien à tirer d’eux !
Les femmes aussi ont leur qât party, entre elles. On s’occupe comme on peut, quand on ne sort pas !
Alors ? Yemen Felix Arabia ou Arabie Heureuse ?
C’est le pays qui compte le plus de cancers de la joue. ça n’arrête personne.
Même la bouche déformée avant d’arriver à ce stade ultime.
Le gouvernement a tenté de stopper ce phénomène, car des fonctionnaires et tout un peuple qui somnolent dès 16 heures…. ça peut poser problème…
Un tollé national, il a du abandonner l’idée.
Le vertige à Shahara (prononcer chaharé) et un décor époustouflant
Je pense que les images vous en diront plus que les mots
Une route dangereuse mais magnifique
Il nous a même fallu changer de véhicules pour ce camion conduit par des gamins complètement « fous » ! Nous avons aussi fait un grand trajet à pied et nous sommes même arrivés à bon port ! Après quelques sueurs froides…
Sommes-nous dans un autre monde ? Vertigineux!
Le meilleur moyen de circuler dans ces chemins…
Des villageois isolés mais armés
Comme tous les yéménites, ici aussi dans cette contré perdue, un jeune avait une kalachnikov..
Il a cru bon tirer en l’air… nos tympans allaient exploser dans cette caisse de résonance incroyable.
Déjà en 1990, le pays comptait 2 fois plus d’armes que d’habitants…Surtout des kalachnikovs.
Il n’était pas rare, au milieu du désert, d’apercevoir un rassemblement, tenues blanches et keffiehs rouges. Les hommes discutaient âprement, semblait-il, de la route où nous restions sagement. Le djambia traditionnel à la taille (couteau courbe que tout yéménite se doit de posséder) et la kalach jetée sur l’épaule.
Dans ce cas, vu le nombre, nous ne nous arrêtions pas pour la photo, hein….
En revanche, dans un village, ce jeune m’a même prêté la sienne pour la photo.
Il en était extrêmement fier !
Je me demande combien coûtaient ces armes… alors qu’on les croit pauvres ?
L’un a deux pétoires, derrière lui, caché à moitié, mais une vraie kalach, assis aussi, et le plus vieux, sage sans doute, debout, le djambia traditionnel
Comme chez nous, sans doute, les priorités de chacun sont un mystère qui nous dépasse.
Au Yemen Felix Arabia ou Arabie Heureuse, la gentillesse de la population est remarquable
Sous le prétexte de nous apprendre à nous voiler, les femmes étaient très heureuses de nous approcher
Les hommes, eux, étaient très fiers au village, en nous montrant le mâle héritier de la lignée.
Vous pouvez voir le manche de son djambia au-dessus de son poignet droit.
Les enfants, eux, sont curieux et en même temps intimidés
Après un temps d’apprivoisement , ce sont des moments magiques.
Il y a aussi un commerce que j’adore dans les pays que je visite, la boucherie du village
Ici le gardien de l’étal est très jeune, c’est l’apprenti…
Dans cette autre échoppe, c’est le patron qui s’applique à découper le morceau convoité, cigarette aux lèvres.
Je mange peu ou pas de viande, chez moi comme en voyage. Et là…. encore moins !
Sauf les foies de mouton de Taez, met incomparable s’il en est !!!!
Et que dire de cette maison extraordinaire à Dar El Hajar ?
Et je vais finir sur un coucher de soleil
Quand tout s’assoupit et que le qât a fait son effet somnifère… tout est tranquille !!!
Encore un mot
J’espère que ce petit reportage sans prétention sur le Yémen vous aura intéressé(e)s, en tout cas si un jour le pays se stabilisait, ne loupez pas l’occasion de vous y rendre, pour rien au monde !
C’est vraiment très triste pour les habitants si adorables d’être coupés du monde.
Je regarde ces photos toujours avec beaucoup d’émotion même si elles ne sont pas de belle qualité, c’est tellement de beaux souvenirs (elles sont extraites de diapositives des années 90)
Conclusion
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Pour une fois, il n’y aura pas de rubrique « Pratique »
Comme vous pouvez vous en douter !!!!
Mais vous pouvez voir mon article sur la Jordanie que j’aime beaucoup pour y être allée deux fois ICI
A tout bientôt mes ami(e)s pour d’autres aventures plus sereines
tes photos sont époustouflantes de beauté
c’est un vrai reportage d’archive, qui rend à ce pays beaucoup de qualités, qui ont été depuis oubliées et surtout bafouées
merci beaucoup pour ce partage
bises, bonne journée
Oui surtout vers le déser, c’est vertigineux ! on grimpait les escaliers avec les 4X4 !. Je ne sais pas comment nous sommes revenus !!! LOL ! Je n’ai jamais remangé des foies de moutons comme sur le marché de Taez…. De beaux souvenirs ! Bisous belle semaine à toi